Je t’écris à toi, la « mère parfaite », toi qui as choisi de faire tout ce tu pensais être le mieux pour ton enfant. Toi, qui allaites le plus longtemps possible, qui fais du portage même avec un bambin, qui fais du cododo, qui fais tous les repas maison, qui refuses les aliments sucrés raffinés, qui pratiques la motricité libre et/ou la DME et le langage des signes et qui ne laisses pas pleurer ton enfant.
À toi qui as décidé de faire passer les besoins de ton enfant en priorité dans ta vie de parent, qui cherches à convaincre tous les parents des bienfaits de la bienveillance, qui conseilles de lire Filliozat et qui cherches des solutions de rechange pour délaisser l’éducation par les punitions et les cris. Toi qui as des idées marginales et non conventionnelles sur la façon élever ton enfant. À toi, j’aimerais m’excuser.
Au nom de la société, je m’excuse! Parce que je trouve aberrant que l’idée d’être une « mère parfaite » soit devenue une insulte plutôt qu’un compliment, et que nous valorisions la liberté de choix mais que nous critiquions ceux qui cherchent à faire le mieux possible!
Toi, la « mère parfaite », je sais que tu es celle qui te juge le plus durement, que tu n’as pas besoin du regard des autres pour te remettre en question, justement parce que tu veux évoluer et te dépasser pour le bien de ton enfant. Je le sais que tu te questionnes pour savoir si chaque geste que tu poses aura des conséquences pour ton enfant. Que tu te couches le soir avec la peur au ventre de t’être trompée durant la journée. Et je sais que chaque fois qu’on te dit : «Moi, j’ai fait ci ou cela… et mes enfants ne sont pas mort!» Ou encore «Si tu continues à faire ceci ou cela…. tu vas le gâter… il sera dépendant… tu ne l’aides pas, il ne s’habituera jamais sans toi…», tu souffres en silence du manque de soutien et tu te remets en question.
Mais moi, je te dis : Continue! Lâche pas! Ce n’est pas toi qui dois se remettre en question, mais bien notre société! Notre société qui devrait se questionner : Où en sommes-nous, si l’on choisit consciemment de faire ce qui est plus facile plutôt que ce qui est mieux pour nos enfants? Quand on sait que certains gestes sont néfastes pour nos bébés (qui devraient être ce que nous avons de plus cher) et qu’il s’agit seulement d’y mettre un peu plus de temps pour changer nos habitudes. Si l’on fait nos choix en fonction de ce que l’on a plutôt que de ce que l’on est, pourrons-nous continuer à avancer encore longtemps? Si tu te réjouis en parlant de ton allaitement qui se passe bien ou que ton enfant signe de nouveaux mots, et que ton interlocuteur entend une critique, le problème n’est pas de ton côté.
Le problème vient de l’incapacité de plusieurs à se remettre en question. Quand le succès de nos proches nous dérange, il faut se questionner sur notre propre jalousie. Est-ce que ce ne serait pas un sentiment de culpabilité parce que nous savons bien que nous ne faisons pas le mieux possible? Est-ce que ça pourrait être de l’envie envers quelqu’un qui a réussi à mettre les efforts que nous n’avons jamais faits pour devenir un meilleur parent?
Sommes-nous devenus à ce point égoïstes et inconscients que notre propre avenir ne nous intéresse pas? Comment demander à nos enfants de choisir le mieux pour nos vieux jours quand viendra le temps, s’ils ne peuvent prendre exemple sur nos propres actions pendant leur enfance?
Alors toi qui as choisi de sortir du je-m’en-foutisme collectif, je te souhaite que les personnes de ton entourage s’ouvrent les yeux et réalisent que, plutôt que de te dénigrer, elles devraient te citer en exemple.
Bon courage, et n’en doute pas : ton enfant t’en est reconnaissant!
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