Les plus sages aussi ont des sentiments.

Sentiments des enfants sages

 

Quand on est parent de plusieurs enfants, nous devons jongler avec les besoins de chacun d’eux pour s’assurer qu’ils se développement sainement. Dans la cohue du quotidien, on a parfois tendance à agir selon l’intensité de la demande. Involontairement, on n’a pas les mêmes exigences face aux enfants plus réactifs que face aux enfants sages. Bien souvent, pour acheter la paix, on va demander au plus raisonnable de faire des compromis qui nous permettent d’éviter une crise. Par cette demande, savons-nous quels sont les impacts sur cet enfant sage qui se soumet si facilement pour nous faire plaisir?

1. Leurs besoins ne sont pas aussi importants que ceux des autres

Il est normal et même important qu’un enfant apprenne à faire des compromis dans la gestion de ses rapports avec les autres. Il doit apprendre qu’il y a une grande différence entre des besoins et des désirs. Cependant, quand on demande presque systématiquement à l’un des enfants de mettre de l’eau dans son vin, on envoie des messages malsains autant à l’enfant sage qu’à l’enfant plus réactif. D’abord, on renforce l’enfant qui fait des crises qui, lui, n’apprend pas à respecter les besoins d’autrui et qui risque de développer différents problèmes de personnalité. Surtout, par notre comportement on insinue que l’enfant sage n’a pas la même importance à nos yeux de parents. Chaque fois que nous lui demandons de plier pour nous éviter des « problèmes », son inconscient entend « Oublie toi, oublie tes besoins. Les miens et ceux de ton frère/sœur passent avant les tiens ». Plus cette situation arrive souvent et plus l’enfant en fera sa réalité.

2. Je t’aime parce que tu fais ce que je te demande

Il ne faut pas se le cacher, quand nous demandons à l’enfant de faire un compromis, nous mettons une pression parfois assez forte sur ses épaules. Est-ce que, involontairement, nous ne faisons pas du chantage affectif?  N’envoyons nous pas le message que s’il ne met pas d’eau dans son vin, c’est de sa faute s’il y a une crise. Il devient alors un persécuteur et nous serons en colère contre lui à cause du mal qu’il fait à la famille, alors que dans les faits, la crise ce n’est pas lui qui la fait. Il ne faut pas oublier que les jeunes enfants n’ont pas la maturité cérébrale pour faire une distinction entre amour et émotions. Pour eux, joie et amour son synonyme alors que la colère signifie : « Je ne t’aime plus ». Donc, chaque fois que nous réagissons vivement quand l’enfant sage se montre plus rigide dans sa position, il déduit que s’il pense à lui, nous ne l’aimons plus. Rapidement, sa compréhension d’enfant lui dicte que pour que nous l’aimions, il doit faire ce qu’on lui demande et il doit oublier ses propres besoins et ses désirs pour prioriser les nôtres et ceux de ses frères et soeurs. Une fois adulte, il croira que pour garder l’être aimé, il doit faire ses quatre volontés…

3. Pour avoir une valeur, devient le sauveur

Chaque fois qu’une telle situation se présente, l’enfant perçoit que ses parents ont besoin d’aide pour parvenir à gérer la situation avec son frère ou sa sœur. Il se donne graduellement le rôle de sauveur de la famille. Pour éviter les crises, il est responsable de régler le conflit. N’est-ce pas un rôle lourd à porter pour un enfant? Surtout que rapidement, l’enfant va appliquer ce mode de fonctionnement à ses relations en dehors de la famille. Il en vient à croire qu’il n’a de valeur que s’il est utile aux autres et à ne plus avoir de désirs ou de besoins qui lui sont propres. Une fois adulte, cette croyance ouvre des portes à des situations d’exploitation de toute sorte. De plus, il est difficile de devenir une personne heureuse et épanouie quand nous n’avons pas de rêve et de projets pour nous-même.

 

Ces situations, je les vois régulièrement dans ma pratique. La majorité du temps, c’est face à un frère ou une sœur, mais il arrive aussi que l’enfant soit appelé à faire attention pour éviter les crises d’un de ses parents. C’est notamment le cas dans des situations de violence conjugale. Le drame pour ces enfants, c’est que peu importe la crise de qui ils cherchent à éviter, ils sont en situation d’échec. La crise est inévitable! Peut-être que le comportement de l’enfant peut contribuer à la retarder, mais elle se produira tôt ou tard. L’enfant qui s’est donné comme mission d’éviter la crise vivra alors une puissante défaite. Il y a fort à parier qu’il ressentira alors beaucoup de honte et/ou de culpabilité qui contribueront à façonner sa croyance qu’il doit absolument être parfait, sage et soumis pour avoir une valeur en tant que personne.

Je vous invite donc à faire attention à votre enfant sage et raisonnable. Soyez vigilant pour éviter qu’il prenne la résolution des conflits sur ses épaules. Peu importe son âge, même s’il a 2 ans, 5 ans, 15 ans de plus que leur frère ou leur sœur, lui aussi vit des émotions quand il est en conflit avec les autres. N’oubliez pas que la réaction n’est pas toujours proportionnelle à la souffrance ressentie. Celui qui crie le plus fort et le plus longtemps n’est pas nécessairement celui qui est le plus en détresse. Et ce n’est pas parce que la situation fait pleurer un enfant que l’autre est dans le tort.  Pour le bonheur de notre enfant sage, donnons-lui la voix qu’il ne se permet pas d’avoir. Se sentir écouté et compris permet à l’enfant de se sentir aimer.

 

L’image de cet article est une œuvre originale de Mme. Marie-Claude Armstrong qui vous offre de magnifiques outils sur son site. J’espère que vous y ferez de belles découvertes.

Des ateliers bienveillants sur le développement de l’enfant sont disponibles un peu partout au Québec. Cliquez ici pour connaître toutes les dates.

J’apprécie beaucoup avoir vos impressions, n’hésitez pas à me laisser vos commentaires. Merci!

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